Partie D : Responsabilité
Le succès de l’ELBP : une responsabilité commune
Le succès de l’ELBP : une responsabilité commune
Les chances de succès d’une initiative à grande échelle telle que l’ELBP sont optimales quand les intervenants en assument conjointement la responsabilité. Le cadre de révision des pratiques et le rôle de chaque intervenant visent donc cet objectif.
Le Cadre de révision des pratiques de l’ELBP (CNCLC, 2019a) sert à l’autoévaluation des intervenants pour assurer la durabilité de l’évaluation linguistique basée sur le portfolio. Il tient compte du fait que le succès de la mise en œuvre de l’ELBP incombe à la fois aux instructeurs, administrateurs de programmes, autorités locales qui financent et surveillent les programmes de langue et autorités nationales établissant la politique connexe. Le Cadre prend également en considération le caractère essentiel de l’apprentissage continu et de l’autoévaluation dans l’évaluation authentique en cours d’apprentissage et la pratique professionnelle (CNCLC, 2019a).
Le Cadre s’appuie sur les travaux de l’Assessment Reform Group au Royaume-Uni, dont la recherche et les écrits ont influencé bon nombre des principes sous-tendant l’ELBP. Les membres du groupe et plus de 200 autres spécialistes ont pris part l’étude Analysis and Review of Innovations in Assessment (ARIA) pour mieux comprendre les processus qui favorisent la durabilité des pratiques d’évaluation à grande échelle par les instructeurs (Harlen, 2010). Ils ont conclu que la durabilité dépendait de principes et de normes d’évaluation convenus pour permettre à tous les intervenants d’avoir une compréhension commune des objectifs de l’évaluation et d’évaluer son efficacité (Harlen, 2010, p. 8).
Le Cadre a été mis à l’essai dans le programme LINC de cinq villes canadiennes entre novembre 2016 et mars 2017. Le rapport de l’essai pilote (en anglais) (CNCLC, 2017b) a entraîné la révision du Cadre, puis sa mise en œuvre dans tout le pays :
Cohorte 1 : 2017-2018
Cohortes 2 et 3 : 2018-2019
Cohorte 4 : 2019-2020
Les principes généraux qui suivent, adaptés des conclusions de l’étude ARIA, ont orienté l’initiative du PBLA puis de l’ELBP.
L’efficacité de l’ELBP est optimale quand les instructeurs, champions, responsables des programmes et bailleurs de fonds collaborent pour appuyer des pratiques d’évaluation efficaces. À cette fin, le rôle et les responsabilités de chacun sont précisés.
Il incombe au bailleur de fonds d’assurer la surveillance des programmes, y compris la mise en œuvre de l’ELBP.
En ce qui a trait au programme CLIC, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a établi des lignes directrices en la matière et offre du soutien aux responsables des programmes, afin qu’ils réunissent les meilleures conditions pour le succès de l’ELBP[1]. Elles sont résumées dans le tableau qui suit.
Tableau 6 : Lignes directrices des bailleurs de fonds
Niveaux des classes | Les classes doivent être organisées conformément aux Directives nationales sur le classement et la progression en formation linguistique et visent au maximum deux niveaux, si possible; les instructeurs ne sont pas tenus d’évaluer plus de trois niveaux. |
Taille des classes | Taille maximale des classes :
FLS/FLS-Alphabétisation : 8-10 apprenants NCLC 1-4 : 20 apprenants* NCLC 5+: 25-30 apprenants *S’il s’agit d’une classe de FLS et de FLS-Alphabétisation, un apprenant en alphabétisation compte pour deux apprenants. |
Champions | Les responsables des programmes doivent veiller à ce que les champions soient en nombre suffisant, et qu’ils reçoivent l’équivalent de cinq heures de soutien chaque semaine par tranche de dix instructeurs. |
Temps de préparation | Les responsables des programmes doivent prévoir des heures de préparation rémunérées dans le cycle d’enseignement. |
Soutien pour les rencontres d’étape | Les rencontres d’étape (rencontre individuelle avec l’apprenant) sont prévues au moins une fois par période de référence. L’instructeur est autorisé à annuler le cours pour tenir les rencontres d’étape. |
Soutien pour les réunions | Conformément aux lignes directrices d’IRCC, du temps est alloué chaque session aux réunions entre collègues pour l’examen des portfolios et autres activités d’évaluation. |
[1] Les responsables des programmes financés par Affaires civiques et Immigration Ontario doivent se reporter aux lignes directrices du ministère.
Le responsable du programme, le champion et l’instructeur travaillent de concert pour mettre l’ELBP en œuvre.
Le responsable du programme rend des comptes à IRCC; la mise en œuvre globale de l’ELBP lui incombe. Il soutient le champion et l’instructeur. Ses responsabilités sont les suivantes :
Le soutien qu’apporte le responsable du programme aux instructeurs est important. À l’occasion de forums et d’ateliers, les instructeurs ont dit se sentir soutenus par un responsable qui :
Bien que le responsable du programme joue un rôle actif dans la facilitation de l’ELBP, on ne s’attend pas de lui qu’il revoie tous les portfolios des apprenants. L’approche de l’évaluation authentique en cours d’apprentissage veut que la responsabilité d’enseigner et d’évaluer, y compris celle de poser un jugement sur les portfolios et d’attribuer des niveaux selon les NCLC, incombe aux instructeurs.
Le responsable du programme voudra toutefois passer occasionnellement en revue une sélection de portfolios pour mieux comprendre les pratiques d’évaluation des instructeurs et planifier le perfectionnement professionnel. Le responsable pourra aussi offrir du soutien ciblé à un instructeur nouvellement en poste ou qui éprouve des difficultés à évaluer un portfolio. D’autres suggestions s’adressant au responsable pour soutenir l’application de l’ELBP dans son programme se trouvent dans le document en appendice Conseils aux administrateurs de programme pour la mise en œuvre de l’ELBP.
Le champion rend compte au responsable du programme; il doit aider les instructeurs à mettre l’ELBP en œuvre. Voici ses responsabilités :
En outre, le rôle du champion sur le plan du soutien qu’il apporte à ses collègues est important. Pour ce faire, il recourt à des stratégies, dont les suivantes :
Le rôle de soutien du champion est certes essentiel, mais ce dernier ne doit ni superviser ni évaluer ses collègues, ni encore examiner les portfolios issus des classes de ses collègues ou les pièces qu’ils contiennent.
Il incombe à l’instructeur de planifier l’enseignement et l’évaluation authentique en cours d’apprentissage. Ses responsabilités sont les suivantes :
Au final, l’ELBP repose sur le fait qu’une évaluation continue et efficace procure aux apprenants la rétroaction nécessaire à l’amélioration. L’ELBP reconnaît aussi que les instructeurs sont les mieux placés pour observer et évaluer les compétences linguistiques des apprenants par rapport aux attentes relatives aux NCLC. En outre, leur jugement professionnel est essentiel pour assurer un enseignement réfléchi et des pratiques d’évaluation qui appuieront au mieux les apprenants dans leur parcours d’apprentissage
Centre for Canadian Language Benchmarks. (2017a). PBLA practice review framework (working draft). Ottawa, ON: http://pblaepg.language.ca/wp-content/uploads/2017/06/PBLA- Practice-Review-Framework-Working-DRAFT-May-16-2017.pdf
Centre for Canadian Language Benchmarks. (2017b). PBLA practice review framework pilot final report. Ottawa, ON: http://pblaepg.language.ca/wp-content/uploads/2017/10/PILOT- Final-Report-PBLA-PRACTICE-REVIEW-FRAMEWORK-.pdf
Harlen, W. (2010). What is quality teacher assessment? In J. Gardner, W. Harlen, L. Hayward, & G. Stobart (Eds.), Developing teacher assessment (pp. 29-51). Berkshire, UK: Open University Press.
[1] La plupart des références sont des ouvrages anglophones qui n’ont pas été traduits. Nous les laissons dans cette section à titre de référence pour ceux qui voudraient approfondir les sujets abordés.