Partie C : Rapports
Établissement de rapports
Établissement de rapports
Le jugement professionnel de l’instructeur est un élément central de la pratique de l’ELBP. Qu’il s’agisse de choisir ou de concevoir des tâches appropriées ou des outils d’évaluation, de donner de la rétroaction sur un devoir d’expression écrite ou orale, ou encore de décider quand un apprenant est prêt à passer au niveau suivant, l’instructeur fonde ses décisions sur son interprétation et sur son jugement professionnel.
L’ELBP prévoit la production du rapport de progrès et la rencontre d’étape dans le cadre d’une période de référence.
Selon Herbst et Davies (2014, p. 80) :
Le jugement professionnel des instructeurs est plus fiable et valide que les tests externes quand ils ont examiné le travail des apprenants, ont fixé ensemble les critères d’évaluation, ont noté le travail et ont vérifié entre eux la fiabilité.
Le portfolio doit montrer les progrès et réalisations de l’apprenant. Il faut donc recueillir des preuves, les examiner et prendre des décisions. Mais il importe d’abord de comprendre ce qui définit le succès dans le contexte de l’ELBP.
Pour l’examen des preuves de l’apprentissage aux fins d’attribution de niveaux, il faut poser un jugement professionnel éclairé et avoir une compréhension approfondie des attentes relatives aux NCLC. Les instructeurs trouveront les attentes à l’égard des compétences dans le profil de compétence ainsi que dans les énoncés et indicateurs de compétence pour chaque niveau dans le document NCLC : FLS pour adultes (CNCLC, 2012a). De plus, les exemples donnés dans la Tousse de soutien NCLC (CNCLC, 2013b) aideront les instructeurs à avoir des attentes réalistes quant aux compétences de leurs apprenants.
L’atteinte d’un niveau ne requiert pas 100 % de maîtrise pour chaque tâche, ni même le succès à chaque tâche, dans chacune des quatre habiletés. Selon les Directives nationales sur le classement et la progression en formation linguistique : « Règle générale, le résultat NCLC attribué lors du test de classement (ainsi que celui qui est attribué par l’enseignant et par un test à enjeux élevés) signifient que l’apprenant a atteint, et démontré, le niveau de compétence langagière associé avec la majeure partie ou la totalité (traditionnellement, 70 à 100 %) des descripteurs pour les résultats NCLC attribués pour chacune des quatre habilités linguistiques. » (IRCC, 2013, p. 3). Par conséquent, il convient de moduler à cette directive ses attentes par rapport au succès de chaque tâche, tout comme l’ensemble des tâches sous chaque habileté.
Recueil de preuves : Les preuves que l’instructeur examinera sont les suivantes.
Examen du portfolio : L’examen des preuves dans chacune des habiletés aux fins d’attribution de niveaux ne consiste pas simplement à additionner des notes ou des pourcentages. L’examen du portfolio requiert plutôt l’usage combiné d’un procédé analytique et holistique. Pour l’examen analytique, il faut recueillir les pièces nécessaires et les évaluer individuellement. Quant à l’examen holistique, il requiert une vue d’ensemble de TOUTES les pièces d’une habileté pour déterminer si l’apprenant réussit de façon soutenue – soit la plupart du temps – au niveau ciblé.
Pour son examen, l’instructeur suit les étapes ci-dessous :
Vérification du nombre de pièces dans le portfolio – En général, l’examen du portfolio a lieu après un certain nombre d’heures d’enseignement et porte sur 8 à 10 pièces dans chaque habileté. Les quatre domaines de compétence doivent être couverts, de même qu’un éventail de tâches et de critères propres aux NCLC.
Dans le cas où un apprenant arrive d’une autre classe sans qu’on lui ait attribué de niveaux, il faut examiner toutes les preuves de son portfolio depuis la dernière attribution de niveaux.
Examen des tâches d’évaluation (évaluation de l’apprentissage) – On examine les tâches au fil du temps. Les tâches les plus récentes devraient offrir une indication plus claire de la compétence langagière courante que celles du début de la session. On recherche les signes d’amélioration ou de problème.
Examen des tâches de mise en pratique des compétences (évaluation au service de l’apprentissage) – Les tâches de mise en pratique des compétences donnent à l’apprenant des occasions de s’exercer dans les contextes de la collectivité, du travail et des études en milieu minoritaire et offrent des preuves additionnelles de ce qu’il peut faire en français. Elles devraient montrer une amélioration au fil du temps. Dans un domaine de compétence donné, l’apprenant s’est-il amélioré pendant la période de référence?
Examen des documents consignant des observations – L’instructeur examine les observations qu’il a consignées sur l’exécution par l’apprenant de tâches de compréhension de l’oral ou d’expression orale alignées sur les NCLC (p. ex., salutations, demandes, excuses) dans le cadre des activités quotidiennes en classe. Les documents consignant des observations peuvent être versés au portfolio si les tâches sont conformes aux attentes relatives au niveau ciblé.
Attribution d’un niveau – Après examen des pièces du portfolio, l’instructeur attribue un niveau. La question qu’il doit alors se poser est la suivante : L’apprenant a-t-il atteint le ou les niveaux qu’il vise?
Dans l’examen du portfolio, il faut aussi tenir compte des progrès que fait l’apprenant par rapport à ses objectifs personnels. Il s’en dégage des éléments qui seront importants pour la rencontre d’étape.
L’instructeur examine les preuves qui se trouvent sous l’onglet « À propos de moi », à savoir :
L’instructeur examine les preuves en se demandant : « Quels progrès l’apprenant a-t-il faits par rapport à ses objectifs personnels d’apprentissage linguistique? »
À la rencontre d’étape, l’apprenant aborde généralement lui-même la revue des objectifs personnels, mais les notes qu’a prises l’instructeur pendant son examen l’aideront à alimenter la conversation.
[1] Dans d’autres documents sur les NCLC, il arrive que les tâches de mise en pratique des compétences soient nommées activités de mise en pratique des compétences. Ces deux formulations font référence à la même réalité.
On utilise le rapport de progrès pour attribuer les niveaux et en faire état. Après l’évaluation du portfolio, ce rapport fournit de la rétroaction précise à l’apprenant sur les progrès réalisés pendant la période de référence. Il faut tenir compte d’un certain nombre d’éléments pour dresser un rapport de progrès.
On dresse un rapport de progrès quand le portfolio de l’apprenant contient suffisamment de preuves (on vise 8 à 10 pièces) dans une ou plus des quatre habiletés (compréhension de l’oral, expression orale, compréhension de l’écrit et expression écrite) et que le niveau change ou non. L’instructeur remplit un rapport de progrès pour chaque cours que suit l’apprenant.
Si le portfolio de l’apprenant ne contient pas suffisamment de preuves, la production d’un rapport n’est PAS obligatoire. Il peut arriver que le portfolio ne contienne pas assez de pièces pour nombre de raisons : l’apprenant peut avoir entrepris le cours tardivement ou n’y avoir assisté que sporadiquement, par exemple. Dans ce cas, le responsable du programme pourra produire un rapport de rencontre (modèle mis au point par le CNCLC ou son propre modèle), mais cela reste à sa discrétion.
Rapport de progrès avec menu déroulant
Rapport de progrès sans menu déroulant
Le responsable du programme doit définir la marche à suivre pour remplir le rapport de progrès. Préalablement à la production du rapport, il détermine les points suivants :
On produit un rapport de progrès pour les apprenants en FLS et en FLS-Alphabétisation.
Ce rapport se veut un dossier où l’on consigne les progrès de l’apprenant en français. On le remplit après avoir examiné le portfolio. L’instructeur indique le NCLC ATTEINT pour chaque habileté.
RAPPEL : l’atteinte d’un niveau signifie « (…) que l’apprenant a atteint, et démontré, le niveau de compétence langagière associé avec la majeure partie ou la totalité (traditionnellement, 70 à 100 %) des descripteurs pour les résultats NCLC attribués pour chacune des quatre habilités linguistiques. » (IRCC, 2013, p. 3).
Il est possible que pour diverses de raisons, un apprenant progresse pendant la session sans pour autant passer au niveau supérieur. Se reporter à la section du rapport de progrès Forces et progrès observés. L’instructeur voudra peut-être indiquer dans le rapport les progrès de l’apprenant, accompagnés de quelques suggestions stratégiques pour s’améliorer. La marche à suivre complète pour remplir le rapport de progrès se trouve dans le document Instructions pour remplir le rapport de progrès.
Les désignations utilisées dans les rapports de l’ELBP ont été révisées en mars 2018 aux fins d’harmonisation à celles d’IRCC. Les désignations du rapport de progrès sont maintenant les mêmes que celles entrées dans les systèmes iCARE ou HART. Par conséquent, les désignations figurant sur le certificat CLIC et le rapport de progrès sont les mêmes. Toutes les précisions sur les nouvelles désignations et leur usage sont données dans le document en appendice Consignation iCARE et ELBP.
La brève rencontre d’étape (durant 10 à 15 minutes) offre l’occasion à l’apprenant et à l’instructeur de passer en revue les progrès réalisés en matière d’apprentissage du français par rapport aux besoins et aux objectifs définis par l’apprenant. Pendant la rencontre, ils reviennent sur les points abordés tout au long de la session, résument l’information se rapportant aux compétences langagières de l’apprenant et définissent pour lui une nouvelle orientation.
Pour préparer les apprenants à leur rencontre, l’instructeur aura avantage à leur fournir un aperçu des sujets de discussion. Il pourrait demander aux apprenants de se mettre en groupes pour faire l’une des activités suivantes :
Selon les besoins des apprenants, l’instructeur pourrait leur donner à étudier des expressions ou des phrases amorces pour éventuellement parler de leur expérience à la rencontre. Aux NCLC supérieurs, l’instructeur pourrait demander aux apprenants de rédiger quelques observations.
Pour préparer les débutants en FLS ou les apprenants en FLS-Alphabétisation, se reporter aux suggestions de la Trousse de soutien NCLC : FLS pour AMA, (CNCLC, 2017).
Comme les apprenants ont reçu de la rétroaction en mode continu et ont pratiqué une réflexion sur leur apprentissage pendant tout le cours, ils devraient avoir une bonne idée de leurs réalisations et de leurs difficultés.
Parler des objectifs – Aborder brièvement les attentes dans le cadre du cours ou du programme, et revoir les objectifs personnels que l’apprenant a fixés au début.
Réfléchir aux progrès – Demander à l’apprenant de parler de ses progrès, soit de ce qu’il est capable de faire en français maintenant, alors qu’il ne l’était pas avant. Les apprenants qui connaissent bien les attentes relatives aux NCLC visés devraient être en mesure de savoir s’ils les ont satisfaites.
Si un apprenant ne connaît pas bien les attentes relatives aux NCLC, il peut parler de ce qu’il n’arrivait pas à faire avant, de ce qu’il a amélioré et de ce qu’il doit continuer à travailler. L’instructeur peut lui dire de choisir des pièces du portfolio pour illustrer ces aspects.
Aux apprenants des NCLC inférieurs, l’instructeur pourrait demander d’exhiber un ou deux échantillons d’usage de la langue dont ils sont particulièrement fiers.
Remettre le rapport de progrès à l’apprenant et passer le contenu en revue – Le portfolio contient des échantillons d’usage de la langue se prêtant à la discussion du rapport.
Pendant la rencontre d’étape, l’instructeur invite l’apprenant à cerner ses prochains objectifs d’apprentissage linguistique, et il discute avec lui des stratégies qui pourraient l’aider à progresser.
Le calendrier de chaque programme indique quand produire les rapports de progrès et planifier les rencontres d’étape individuelles avec les apprenants.
Le responsable du programme établit le calendrier en tenant compte des critères ci-dessous :
Les instructeurs sont invités à se reporter au tableau ci-dessous, fourni à titre d’exemple, pour dresser leur propre calendrier.
Tableau 5 : Calendrier type – rapports de progrès et rencontres d’étape
Heures d’enseignement | Nombre et fréquence des rencontres d’étape | Nombre et fréquence des rapports de progrès |
10 heures par semaine
Programme en vigueur de septembre à la fin de mai |
2 rencontres d’étape
Rencontre 1 : janvier Rencontre 2 : mai |
1 rapport de progrès
Fin mai |
15 heures par semaine
Programme en vigueur de septembre à juin |
2 rencontres d’étape
Rencontre 1 : janvier Rencontre 2 : juin |
2 rapports de progrès
Rapport 1 : janvier Rapport 2 : juin |
25 heures par semaine
Programme annuel : 4 sessions de 12 semaines |
4 rencontres d’étape par an
Rencontres tenues au moment de produire le rapport de progrès |
4 rapports de progrès par an
Rapport 1 : au terme de la session de 12 semaines Rapport 2 : au terme de la session de 12 semaines Rapport 3 : au terme de la session de 12 semaines Rapport 4 : au terme de la session de 12 semaines |
Centre des niveaux de compétence linguistique canadiens. (2012). Niveaux de compétence linguistique canadiens : FLS pour adultes. Ottawa, ON : https://www.canada.ca/content/dam/ircc/migration/ircc/francais/pdf/pub/competence-linguistique.pdf
Centre des niveaux de compétence linguistique canadiens. (2013). NCLC : Trousse de soutien. Ottawa, ON. https://www.language.ca/product/nclc-trousse-de-soutien-pdf-f/
Centre des niveaux de compétence linguistique canadiens. (2017). Trousse de soutien NCLC : FLS pour AMA. Ottawa, ON. https://www.language.ca/product/nclc-fls-pour-ama-trousse-de-soutien/
Citoyenneté et Immigration Canada. (2013). Directives nationales sur le classement et la progression en formation linguistique. Ottawa, ON: https://www.language.ca/dncpfl/
Herbst. S. & Davies, A. (2014). A fresh look at grading and reporting in high schools. Moorabbin, AU: Hawker Brownlow Education.
Watt, D., & Lake, D. (2004). Benchmarking adult rates of second language acquisition and integration: How long and how fast? Edmonton AB: Alberta Learning, Language Training Programs and Citizenship and Immigration Canada.
[1] La plupart des références sont des ouvrages anglophones qui n’ont pas été traduits. Nous les laissons dans cette section à titre de référence pour ceux qui voudraient approfondir les sujets abordés.